Ce livre de Laurent Binet faisait partie de ma pile à lire depuis plusieurs années. Alors quand Sandrine nous a proposé cette lecture commune pour le Club de Lecture, j’étais plus que contente. D’une part parce que ça allait faire diminuer ma PAL d’un livre. D’autre part, parce que je porte un grand intérêt à tout ce qui parle de cette triste période de l’Histoire, à savoir la Seconde guerre mondiale. J’ai d’ailleurs repris un challenge littéraire sur ce sujet.
Sandrine a choisi ce titre car elle avait entendu une interview de Laurent Binet, au sujet de La septième fonction du langage. Ce dernier n’existant pas encore en version poche, elle a donc choici HHhH, son précédent roman.
Au sein du club, il a fait l’unanimité, mais pas vraiment de manière positive.
« Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich »
Voilà ce que signifie le titre de ce livre. Himmlers Hirn heisst Heydrich, en version allemande. Ce sigle a été inventé par la Gestapo.
Nous sommes en 1942, deux parachutistes sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich.
Laurent Binet, après des recherches historiques assez poussées, nous relate ce pan d’histoire de la seconde guerre mondiale : l’organisation en amont de l’attentat, la montée de Heydrich dans les rangs de la Gestapo, l’histoire de sa vie.
Parallèlement à tout cela, l’auteur nous fait part de sa manière de résister, pour arriver à ne pas romancer l’histoire et rester très proche de la réalité historique.
Une lecture agaçante pour la plupart des membres du club, mais…
Christine, Florence et Laurent n’ont pas du tout aimé. Christine n’a pas aimé la position de l’auteur. Pour elle ce livre n’est ni un roman, ni un livre d’histoire. Florence a été profondément agacée et s’est souvent posé la question de savoir si Laurent Binet s’était vraiment documenté. Pour elle ce n’est ni un essai, ni un roman. Laurent, quant à lui, l’a trouvé glauque. C’est pour lui un objet littéraire non identifié. Il s’est demandé où commence la fiction et où s’arrête la réalité. Il ne comprend pas qu’on puisse faire de la littérature sur quelque chose d’aussi dramatique.
Mirela et Nadine n’ont pas été agacée mais n’ont pas non plus adoré ce roman. Pour Mirela, ce sujet est indigeste et insupportable. C’est le style qui l’a aidée à passer outre cela. Elle a trouvé que l‘auteur est le personnage le plus touchant, dans sa manière de transmettre l’information. Il y a une recherche éthique, un peu d’auto-dérision, il admet sa démarche. Elle est quand même contente de l’avoir lu, mais son avis reste mitigé à cause du sujet.
Nadine n’a pas trop aimé le fait que Laurent Binet se justifie tout le temps. Elle aurait préféré qu’il s’attarde un peu plus sur l’histoire des parachutistes. Néanmoins, cela lui a donné envie d’en savoir plus sur cet épisode historique.
Alain, Roselyne et Sandrine ont aussi été irrités, pourtant leur conclusion nous indique qu’ils ont fini par apprécier quelque chose dans cette histoire. Alain a tout d’abord trouvé que la réflexion de l’auteur était pédante. Il a été gêné par le style. Mais ce qui l’agace encore plus, c’est qu’au final il se rend compte qu’il a aimé. Roselyne a la nausée par rapport à cette époque. Malgré le fait que l’approche de l’auteur l’ait ennuyée, elle a envie d’en savoir plus. Elle se demande quand la vie de Heydrich a basculé dans ce côté sordide. Même chose pour Sandrine que ce livre a fait réfléchir et a faire des recherches.
Quant à moi, force est de constater que je suis la seule à l’avoir aimé. J’ai aimé la manière que l’auteur a eu d’appréhender le sujet. Je trouve intéressant qu’il nous fasse part de la démarche qu’il a adoptée pour ce roman. Le fait qu’il participe en tant que personnage dans le déroulement de l’histoire lui donne un côté très original. Il m’a donné l’occasion de plus connaître cet horrible personne qu’a été Heydrich. C’est un épisode de l’Histoire que je ne connaissais pas en détail. C’est donc ici l’occasion d’en savoir plus, autant en ce qui concerne Heydrich qu’en ce qui concerne les deux parachutistes qui ont sacrifié leur vie pour tuer cet ignoble être humain, qui me paraît presque être pire qu’Hitler… C’est dire…
La lecture d’HHhH est dure, certes. Mais elle permet de ne pas oublier… C’est un documentaire sous forme de roman.
C’est très intéressant de confronter différentes opinions comme tu le fais en rendant compte des avis des membres du book club. Je comprends que HHhH ait pu rebuter certains lecteurs. Quant à moi, je suis de ton avis, car j’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai trouvé très original, entre le récit historique lui-même et la façon dont l’auteur se met en scène en tant qu’historien et romancier, et explique ses choix. Un coup de cœur, comme « La septième fonction du langage » que j’avais lu un peu avant d’ailleurs.
Cette période l’histoire n’est pas toujours facile à accepter pour beaucoup de personne. Ce que je comprends. En tout cas, j’ai très envie de lire La septième fonction du langage.
j’ai lu La Septième fonction du langage et je me suis fait la même réflexion que certains de tes amis : le ton est pédant. L’auteur sait des choses et le montre, l’étale. C’est un peu dommage. Cette lecture m’intéresse tout de même !
Ce que tu ressens pour ce livre-là, je l’ai ressenti pour L’élégance du hérisson. Ce livre-ci ne m’a pas du tout fait cette effet.
Pour moi, ce livre est un must, je l’ai déjà lu deux fois. C’est une fabrique du roman historique, une réflexion sur la place de l’écrivain historien dans une fiction et dans l’Histoire.
Tu utilises exactement les mots qu’il faut pour décrire ce livre !