Ce livre dont je vais ici vous parler résonne en moi d’une manière un peu particulière . En effet, j’ai connu Pierre Corbucci sur les bancs de la Fac et je dois avouer que j’ai mis du temps avant de me décider à lire son roman et ce, pour plusieurs raisons.
- D’abord, parce que ceux qui me lisent ici et ceux qui me connaissent dans la vraie vie, savent que je suis très exigeante quand j’ouvre un livre. J’attends beaucoup de lui. J’attends qu’il réponde à mes attentes. J’attends de lui qu’il me transporte. J’avais donc peur de ne pas aimer ce roman écrit par quelqu’un que je connais bien. Comment lui dire si je ne l’aime pas ?
- L’autre raison qui m’a fait hésiter est que j’ai quelquefois du mal avec les jeunes auteurs, à cause de leur style qui parfois laisse trop paraître leur côté débutant, avec une histoire qui n’est souvent pas assez approfondie.
- Enfin, pour être sincère, le titre ne m’attirait pas trop. Il ne me parlait pas.
J’ai finalement accepté de lire La Mano, parce que j’apprécie Pierre et parce que j’aime sa personnalité. Je me suis donc dit que je devrais certainement aimer ce qu’il écrit (A vrai dire, j’en étais quasiment certaine, mais quand même, l’appréhension était là…)
Autre chose que je me dois de préciser. Vous le voyez sur la photo qui illustre ce billet et vous ne rêvez pas : j’ai lu son bouquin sur une liseuse. Oui, j’ai lu son livre au format e-book. Je confirme, ce n’est pas un support que j’affectionne beaucoup. Mais l’avantage ici est que grâce à ce moyen, Pierre s’est auto-édité. Je soutiendrai toujours cela et je ferai toujours l’effort de me mettre à l’électronique si cela peut permettre à de jeunes auteurs de se lancer dans l’écriture et ça, même si cela demande un peu plus de volonté de ma part.
Le début
Par la fenêtre ouverte, au-delà du rempart d’un balcon surchargé de géraniums dont il n’aimait ni la pâleur, ni le parfum de citronnelle délavée mélangé à la terre, était le bruissement du petit port de pêche.
C’étaient de misérables cahutes de tôles et de bois, de morceaux récupérés sur de vieux containers, des charpentes de palettes, portes de carton, toits ondulés distillant dans l’unique pièce une chaleur étouffante, mêlée à la poussière d’un sol de terre battue. Un lit, une paillasse, un morceau de tissu.
L’histoire
En Amérique du Sud, au croisement de trois rivières, nous assistons à la naissance d’un petit village. C’est le temps des Conquistadores qui vont à la rencontre des Indiens. Les années et les siècles passent. Le village se développe autour d’un petit port, surplombé par un fort militaire.
Nous vivons l’essor de La Mano à travers l’histoire d’une famille locale, née d’un amour inattendu (car mariage arrangé) entre un fils de bonne famille, coureur de jupons, et d’une jeune femme européenne venue s’installer là quelques années auparavant. Grâce à eux, le village connaît une grande prospérité que nous allons découvrir par le biais d’une épopée familiale.
Mon avis
Avant tout, je tiens à préciser que ce qui suit a été écrit avec sincérité. Ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas la langue dans ma poche et j’ai assez de caractère pour dire ce que je pense (parfois même un peu trop…). Ce que je vais écrire, ce que je vais dire, n’est pas un avis gratuit, un avis écrit juste pour faire de la pub à un ami. Car oui, ce livre ne m’a pas laissée indifférente.
Allez, je le dis : merde, j’ai rarement lu un livre aussi bien écrit ! Voilà exactement ce que je me suis dit quand j’ai refermé la liseuse. Les mots sont justes, cherchés, utilisés avec subtilité et justesse. Le style est poétique. Je reconnais bien là Pierre Corbucci : cet amoureux des mots et de la calligraphie. On m’a souvent dit d’un livre qu’il était plein de poésie, mais jusqu’à présent je n’avais jamais été vraiment témoin de cet aspect dans un livre… Ce genre de remarque me laisse souvent un peu perplexe et surtout déçue par le fait que de ne pas retrouver ce côté, même s’il m’arrive de trouver des romans bien écrits. Alors le voilà mon livre emprunt de poésie !
Au delà des mots, l’histoire est attachante. Les personnages sont touchants de par leur affection les uns vis-à-vis des autres. De plus c’est un roman écrit avec de très bonnes références historiques.
La Mano est un livre comme je les aime. Un livre qui une fois refermé vous laisse des traces, des sensations, des images dans la tête, une émotion forte.
Malgré quelques longueurs (qu’on oublie vite grâce à la beauté de l’écriture), on trouve là une belle histoire d’amour familiale. La fin est émouvante et on ne peut rester insensible au dénouement que l’auteur nous a préparé, un dénouement un peu inattendu.
L’inconvénient quand on lit un e-book, c’est qu’on ne peut pas se le faire dédicacer… Celui-là, j’aurais bien aimé que tu y apposes un paraphe de ta belle écriture, Pierre 😉
Son livre est disponible sur kindle, sur Kobo.
L’auteur
Pierre Corbucci est né en 1973. Il a étudié l’Histoire et s’est spécialisé en Histoire Médiévale. Je me souviens de lui comme d’un grand amateur d’écriture et de calligraphie. Je me souviens de ses discours sur le parvis de la Fac. Je me souviens de son côté un peu excentrique quand il nous disait qu’il écrivait souvent avec un plume et de l’encre ! En même temps, ça se comprend quand on aime la calligraphie !
exigeAnte, avec un a
Oups ! Merci, c’est corrigé !
Même sur numérique, tu m’as donné envie, c’est exactement le genre de livre qui m’intéresse!!!!!!!! je vais peut être basculer du « côté obscur du numérique » ;))
Pour un livre comme celui-ci, cela vaut la peine de passer du côté obscur 🙂